4/10⭐
IMDb
Letterboxd
Réalisé en 2016 et distribué par Netflix depuis 2018, Ne t'endors pas a pour concept que les rêves et cauchemars d'un orphelin de huit ans se matérialisent dans la réalité. Sa mère étant morte lorsqu'il avait trois ans, il est alors adopté par un couple se remettant du décès de leur propre fils.
Cody, 8 ans, a été placé dans plusieurs familles d'accueil qui l'ont une à une abandonné. Jessie et Mark, un couple qui n'a pas encore accepté la noyade de leur fils, décident d'adopter le garçon. Ils se rendent compte rapidement que des phénomènes étranges apparaissent lorsque l'orphelin est endormi. Les rêves de Cody se manifestent physiquement en commençant par des nuées de papillons. Ils continuent avec une vision de leur fils décédé. Puis les cauchemars arrivent et le Canker Man terrorise la famille.
Le concept des rêves d'un enfant venant à la réalité est génial et les thèmes abordés par le film sont extrêmement touchants. On ne peut pas en dire autant du film. On apprend les émotions de Jessie, la mère, à travers ses séances avec un groupe thérapeutique. Le film nous dit ce qu'elle ressent au lieu de nous le montrer, et c'est encore la même chose pour les autres personnages dans d'autres scènes. Le film brise la règle de narration "Montrer, ne pas dire" et, par conséquent, nous ne vivons pas la peine avec le couple. Nous nous retrouvons comme un spectateur externe, complètement déconnectés de l'émotion des personnages. Il est difficile pour le spectateur de ressentir quoi que ce soit pour les parents, même au sujet de leur enfant décédé. Les dialogues peu crédibles et le jeu mou des acteurs élargissent encore plus ce fossé émotionnel. Si vous aimez les mystères, les doubles sens et les métaphores, vous allez détester ce film. Le directeur martèle chaque émotion et chaque information qu'il veut faire comprendre au spectateur sans aucune subtilité. On peut deviner le twist de fin dès son début. Même si ce twist a le potentiel de vous briser le cœur, il est si mal révélé qu'aucune émotion ne nous atteint. Le film se termine sur une fin bâclée qui défie toute logique et nous laisse un goût amer dans la bouche.
Malheureusement, le potentiel énorme des thèmes abordés a été ruiné par un script enfantin, une réalisation moyenne et des effets visuels médiocres. Il en résulte un film oubliable. On ne peut plus que rêver qu'un meilleur réalisateur retravaille le script et en réalise une meilleure adaptation.
Alerte spoiler
Le contenu qui suit révèle potentiellement des informations sur le scénario, les personnages ou la fin du film. Si vous n’avez pas vu le film et que vous ne voulez pas gâcher votre premier visionnage, allez le regarder avant de lire la suite.
L'horreur du Canker Man
L'histoire du Canker Man est terrifiante. Je ne parle pas de la qualité des effets spéciaux, mais bien de ce qu'il représente. Cody avait seulement trois ans lorsque sa mère est décédée du cancer. Les enfants de cet âge ont des difficultés à comprendre les maladies, et encore moins le cancer. C'est bien le cas de Cody qui associe dans son esprit ce cancer (qu'il prononce "kanker") à un monstre. Il explique la transformation physique de sa mère due aux traitements par son enlèvement progressif par ce monstre. La vision des derniers jours de sa mère et ses derniers mots sont ancrés dans la mémoire de Cody. Mais il les attribue au Canker Man qui hante ses nuits. On peut déceler derrière cette description le discours que des médecins ou des proches ont pu tenir à Cody pour expliquer la maladie de sa mère. À un âge où la peur provient du noir et des monstres sous le lit, être confronté à une telle horreur au-delà de sa compréhension a traumatisé l'enfant. Il a donc raisonné cette incompréhension comme il le pouvait. Ce concept est génial et peut donner vie à une parfaite histoire tragique.
La pensée que son propre enfant puisse être horrifié par le corps d'un parent souffrant du cancer me brise le cœur. Le concept d'un enfant face à la mort d'un parent a déjà été exploré dans d'autres films d'horreur comme The Babadook (2014). On peut aussi penser à Goodnight Mommy (2014) où des jumeaux ne reconnaissent plus leur maman après une chirurgie esthétique au visage. Tous ces films explorent la dégradation de la relation parents-enfants en cas de crise et de trauma. Ils démontrent l'importance du dialogue et de la compréhension dans le processus de deuil.